2016-01-25

T695 - Les deux cloches (suite et fin)

« Comment si d’occuper ou plus ou moins de place
nous rendoit, disoit-il, plus ou moins importants ! »
J de L F – Le rat et l’éléphant.
 
Autre son de cloche.
Lecteur attentif, ô combien plus que le commun qui nous cerne vous et moi, que cependant nous ne devons pour autant mépriser et ignorer, vous avez certainement au frais conservé dans un tiroir de votre mémoire l’excellent texte, en vers approximatifs certes, paru ici même il y a quelques semaines, texte que d’aucuns considèrent déjà et depuis comme majeur, qui rapportait scrupuleusement les conseils prodigués par une cloche de bonne taille à une voisine consœur, jeune et relativement fluette, propos saisis par une oreille indiscrète, aucunement malveillante, que cela soit précisé, celle de l’auteur de ces lignes qui se trouvait passant nonchalamment dans le voisinage, familier du langage des cloches grâce à un stage prolongé au Vatican au XX ème siècle – ce qui ne nous rajeunit pas. *
                 
Il semble néanmoins judicieux, avant de livrer la suite de l’affaire, car il y a suite, au titre de ce fumeux et fabuleux principe de précaution dont raffole notre époque, de rafraîchir les souvenirs de quelques improbables esprits défaillants, ou encore ceux de certains ayant eu entre temps d’autres chats à fouetter, lecteurs qui auraient pris leurs distances avec les tintements et bruits de clocher et chapelle. *
 
Souvenez-vous, l’aînée incitait sa voisine  à croître et embellir pour s’ouvrir à un avenir glorieux, brillant et bruyant.
 

Le rappel fait, la suite annoncée, la réponse de la petite, la voilà.
Authentique.
 « Ma chère sœur, j’ai écouté votre sermon dicté par l’expérience avec attention.
J’ai réfléchi longuement à la situation
afin d’assurer au mieux ma présente et future mission.
 
Vous me voyez désolée de ne répondre favorablement à votre exhortation,
ce qui ne doit être à aucun prix considéré comme de l’impertinence, mais...
Quitte à vous décevoir, grossir, m’arrondir, gagner en taille, en volume,
Du haut de mon perchoir balancer un rondelet reluqué cul,
exhiber des seins à faire baver d’envie le pèlerin pour l’attirer à l’autel,
je n’y tiens aucunement à l’instant quels que soient vos arguments.
 
Fille haut perchée mais point fille du péché je souhaite demeurer !
J’en ai conclu en vous regardant et en vous écoutant
que ce n’est pas parce qu’on est doté d’un copieux séant,
qu’on en devient pour autant personnage important.
 
Alors, vos bons conseils, et que béni soit le P’tit Jésus,
Ma chère, vous pouvez vous asseoir dessus. »
 
Entre nous, cette réponse est bien moche.
Et entre elles deux, assurément, il y a quelque chose qui cloche !
 
* De telles phrases vous ferment au nez à jamais les portes du Goncourt, du Médicis, du Flore et de l’Académie. Soyez brefs.


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