2016-03-28

T704 - Ridicule.

En involontaire émule du célèbre Dagobert
J’avais passé étourdiment mon pyjama à l’envers
Je m’en suis aperçu dans mon sommeil la nuit dernière
En me grattant machinalement le derrière.
 
Fort heureusement je suis célibataire,
Dormant en chien de fusil, solitaire dans ma tanière.
Qu’en aurait pensé une nocturne partenaire
À l’instant d’adopter l’élémentaire position du missionnaire !
 

 
Vous, lecteurs qui ne manquez ni de bon sens ni de décence,
Me conseillerez certainement de remettre de l’ordre
dans mes couverts et dans mes affaires,
Avec un peu plus de pertinence.
 


2016-03-21

T703 - Le chat et le poisson.


Vous savez ce que la sagesse populaire annonce comme une évidence :
les poissons sont des poissons, tout comme les chats sont des chats
Elle dit tout à fait vrai, ce qui n'est pas faux.
Les chats portent moustaches, les poissons pas, à l'exception du poisson-chat
(sur chaque mare le vilain canard noir, dans chaque troupeau sa brebis galeuse)
Chacun de nous connaît la patience et les ruses du chat guettant sa proie
Tant de souris et d'oiseaux en ont fait les frais maintes fois.
Les victimes ne peuvent hélas ! plus en témoigner,
 mais le dossier du greffier est chargé.



Pas le moins du monde gêné aux entournures par sa réputation
Un chat aux aguets en ces termes harangua un poisson :

" Mon ami, car je suis ton ami, il te faut sortir de ce bocal,
à tourner en rond tu vas attraper mal et finir bancal
ton espace est trop réduit, tu dois avoir le tournis
et être mouillé en permanence, avoue-le, ce n'est pas une vie.
Je te propose de prendre l'air, agrippe la patte que je te tends
ma proposition est honnête, ne sois pas méfiant, je suis bon enfant.
Je t'emmènerai loin d'ici, vers d'autres horizons bien plus éclatants
que ceux de ta triste prison à poissons, je connais les bons coins.
Nous irons en Amérique, en Afrique, tu verras du pays enfin,
tous ces continents qui émerveillent avec de la lumière et du soleil. "
- Taratata Monsieur le chat, arrêtez votre cinéma,
j'ai souci de ma chair, de mes arêtes, et guère envie de quitter mon chez moi
Je réponds non à toutes vos pittoresques propositions qui me laissent de bois.
Aller loin ne m'intéresse pas ; en eaux claires de moi connues je me trouve bien.

 
 
Pour le poisson, une seule devise : sweet home, sweet aquarium. "

2016-03-14

T702 - Envie et dépit.


Un héron, cendré -il en avait pris son parti, depuis le temps, depuis longtemps, lui et ceux de son espèce s’y étaient résignés, à contrecœur accommodés de ce fâcheux loupé du Créateur - un héron donc, en bon échassier droit dans ses bottes, cou tendu, observait une troupe de corbeaux – ces sombres héros des champs de lendemain de bataille – l’œil rond et interrogateur.

 
A l’exemple de certains pseudo philosophes médiatisés,
les hérons se donnent volontiers  cette hautaine attitude du penseur.

 


 Il héla les ailés :


« Mes amis, combien je vous envie d’être ainsi en belle compagnie, à en juger ravis d’être unis et réunis.

Plaignez celui qui est véritablement en peine, moins nu mais tout autant solitaire que le ver. J’erre sur terre et dans les airs sans âme-sœur, ni compagne ni compagnon, et bats désespérément la campagne.
 
Notre gente est dans le malheur.
Nous voulions constituer une frairie, nous installer près de l’eau, dans la prairie.

La Préfecture nous l’a formellement interdit, affirmant que nous n’étions qu’une association de malfaiteurs désireux de reconstituer la criminelle bande à bonne eau.

Ainsi nous l’ont signifié les Autorités :

« Nous donnons ordre de vous disperser et ne jamais tenter de vous regrouper, sinon emplumés de bord d’eau, au falot nous vous ferons plonger illico.
Si vous décidiez de passez outre, il vous en coûtera tant et tant, dix, vingt ans, tant étang.
Exécution, du vent ! »

 
Du discours et des plaintes de l’oiseau,
les corbeaux, méfiants,
trop souvent par le passé plus qu’à leur tour dupés,
manifestement s’en battent les ailes…
 
                   *** fin ***

2016-03-07

T701 – La faute originelle.


D.R
 
Quand leVieillard grognon
Qui règne tout là-haut et dans ses environs,
Courroucé, sourcils froncés, de son divin doigt Eve pointa
Grondant, Il l’accusa :
« Nom de Dieu, la fautive, c’est bien toi.
J’ai tout entendu, tout vu,
Car scrogneugneu, je vois tout et entend tout,
par essence je ne saurais avoir la berlue !
Quand on vaque le con nu, offrant à la vue le fruit défendu,
on excite l’inconnu, c’est bien connu. »
 
L’infidèle, sur son complice le serpent, lâchement se défaussa :
«  Par toutes les divinités du ciel, que Votre nom entre tous soit béni,
le serpent est le seul coupable, je vous le garantis, c’est lui ! »
 
A ces mots, devant tant de mauvaise foi,
L’accusé, amant hier adulé, désormais renié, en eut les jambes coupées,
Les bras lui en tombèrent.
 
Depuis lors, il rampe à terre,
Pour l’éternité, y traînant sa misère,
Et pour être tombé dans le panneau, sur le sol erre.
 
*** ***