2016-12-19

T734 - la corneille et la mer.

« Rien ne la contentait,
Rien n’était comme il faut ». J de la Fontaine.



Ô ! France éternelle, médaille d’or catégorie râleurs et râleuses
Jamais contents, jamais heureuses.



Face à la mer, une corneille (française) se lamentait amèrement
De sa condition, aussi peu enviable, proclamait-elle, que celle du Juif errant.
Éternelle insatisfaite, face à l’immensité, elle criait sa détresse :
Celle d’être une mal-aimée, l’image parfaite de la scélératesse.

« Voyez Mère nourricière comme on me traite, nul ne m’aime, tous me rejettent
Pourquoi le Fabricateur m’a-t-il créée aux premiers jours si sinistrement noire
Alors qu’il y a de par le vaste monde tant d’emplumés immaculés ou irisés ?
J’inspire la peur à tout un chacun d’être aussi noire que le désespoir.

Pourquoi Dame Nature ne m’a-t-elle pas permis de joliment chanter
Nulle note ne s’échappe harmonieusement de mon gosier,
Je suis juste bonne à vilainement criailler, atrocement piailler,
A grincer telle une roue de brouette mal graissée


Bien sûr je commets quelques méfaits et répréhensibles larcins
Je chaparde, fouille les poubelles, ici et là croque quelques oisillons
Fais moult dégâts, mais diable ! ma survie est à ce prix-là
Il faut bien subsiter, alors est-ce ma faute à moi ? »

Grand sage, la mer l’écouta et sentencieusement déclara :
« Qu’importe ta couleur, qu’importe ton chant,
Parmi nous, il en faut pour tous les goûts, accepte-toi
Respecte-toi, respecte les autres, on te respectera
Ainsi on t’acceptera, t’ouvrira les bras, te tolérera. »

Sur ce bienveillant conseil, la mer déclencha un mouvement de grève
Et au loin se retira.

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