2018-02-26

T785 - Une histoire d'amour qui tourne court.



Je te l’avais dit que ce n’était pas une bonne idée
de passer notre nuit de noces à Dijon
pour célébrer mémorablement notre union.



J’eus beau t’avertir et protester,
comme souvent, tu n’as pas voulu écouter
et nous voilà aujourd’hui copieusement tartinés.

Tu déclarais que pour moi tu brûlerais de mille feux !
Dans quelques instants exhaussé sera ton vœu.

Ah ! Ton brûlant amour ?
Un four !

Ne t’étonne pas bougre d’entêté
qu’à l’instant la moutarde me monte au nez.

*** fin ***

2018-02-19

T784 - Une affaire de comportement.



Raoul, un petit bonhomme, vraiment pas bien grand, quoique bien élevé,
un nom aussi court que sa taille.
Elle, l’épouse, Antoinette, qui dominait son Raoul d’une bonne tête, plutôt rondelette.
Tous deux gardiens d’immeubles. Préposés au petit entretien, à l’accueil, à la distribution du courrier. Et au ramassage des ordures ménagères. Entre autres.
Deux enfants : un garçon, Claude, fils de son père, sosie quasiment parfait, et sa sœur, son aînée, une agréable brunette, dont le prénom m’échappe à l’instant.
C’était il y a longtemps, du temps de mes jeunes années.
Permettez à ma mémoire de flancher.

Cependant ce n’est pas d’eux dont je souhaite aujourd’hui vous entretenir.
Voilà le danger de se précipiter sur le clavier, au risque de déraper.


J’ai sous le coude et dans un coin de ma tête – curieuses conditions de stockage, une histoire qui reste à concrétiser, celle d’un chat et de deux chevaux, des juments, plus précisément. De cela je suis sûr.
Chat ou chatte, tel qu’il était planqué dans les herbes, ou telle qu’elle l’était, difficile de se prononcer et il ne s’agit pas d’une simple question de mémoire.




Le chat, les juments.
Les observer.
Qu’en dire, qu’imaginer, que raconter, qu’inventer ?



Voilà ce qui pourrait être une idée.
Puisse et veuille ma bienvaillante Muse consentir à m’inspirer.

Leur comportement, à l’un et aux autres.

Lui, le chat, pattes de velours, apparemment satisfait de sa condition, lorsqu’il est en quête de nourriture, fin et rusé chasseur, s’accorde volontiers un brin de fantaisie.
French cancan.
Ce sera selon son humeur, à son heure, à sa convenance.
L’occasion dit-on fait le larron.
Ce qui le met parfaitement en joie et en appétit ?
Traquer la souris.

D’une patience infinie, immobile, il guette, l’œil aux aguets, oreilles vigilantes.
A peine Trotte-menu pointera son museau, que d’un bond Mistigri s’en saisira.
Olé.
A sa victime il fera croire qu’elle va s’en tirer, lui laisse un peu de champ et hop ! s’en ressaisit, d’un coup de patte bien ajusté, tout de délicatesse.
Las Vegas. Faites vos jeux !
Ne pas gâcher la marchandise, mettre à sa façon les pieds dans le plat.
Une fois, deux fois, autant de fois qu’il lui convient.
Lorsque lassé de jouer, alors sonne l’heure du coup de grâce, le fatal coup de dent.
Couic, c’en est fini. On passe aux choses sérieuses.
Bon appétit !

Les juments, elles, impassibles.
Voyez comme sont sérieux, sans la moindre fantaisie, les raboteurs de pelouses, les tondeurs de moquette, tête dans l’assiette, qui à longueur de journée broutent, broutent.
Brouter n’est pas un jeu, une nécessité.
A se remplir la panse sans varier les plaisirs, sans penser un instant à se divertir, dites-moi, oui dites-le moi, où donc est le plaisir, franchement ?

En cet exercice vital, se nourrir, rien d’autre.
à chacun sa conduite, selon sa nature, selon son tempérament.
Du chat ou des juments, qui est le plus heureux, qui ne l’est pas ?
Le bonheur, au juste, dites-moi, dites-nous, c’est quoi ?
Quelle conclusion tirer ?



De mon histoire, voilà l’idée.
Reste à mettre en forme.

Ma Muse peut vaquer à d’autres sollicitations d’auteurs en peine.
Je lui donne congé.


Raoul ceci, Raoul cela.
Antoinette ceci, Antoinette cela.

Monique, la sœur, son prénom, il vient à l’instant de me revenir.
Je peux me tromper.

***fin***

2018-02-12

T783 - Mésentente flagrante.



Au terme d'un véhément conflictuel débat
Un arrogant puceron à une puce rétorqua
Que la piqueuse pouvait toujours se gratter
Avant qu'on leur trouve un lien de parenté. *

Constatant qu'avec lui il n'y avait définitivement rien à faire
La puce décida sur une peau goûteuse d'aller se distraire
Elle salua le fanfaron, lui conseillant d'apprendre à se taire
Et de se rendre chez ses amies les fourmis se faire traire.



Entre les deux, décidément tout allait de mal en pis

Des conflits souvent l'arrogance est féconde semence.
En conséquence mieux vaut garder une bonne distance.

* avec la sangsue, peut-être ?

***/***

2018-02-05

T782 - Le dos-d'âne et le rond-point.


Un âne, un héron.
 Les bons sujets, on ne les lâche pas.
Et vous, vous n’y échapperez pas.


Un certain âne, animal réputé têtu, avait un taraudant souci.
Il était d’esprit fin en dépit d’une réputation de porteur de gros sabots.
De la teneur dudit souci vous ne manquerez pas d’être surpris,
un sujet bizarrement le hantait : la sécurité sur les routes !
Et ne mettez pas, je vous en prie, ma parole en doute.

Sur les routes, la mortifère vitesse automobile le préoccupait.
Comment y remédier ? Le quadrupède y réfléchissait.
« Halte aux hécatombes ! Pour éviter le pire et que cela empire,
je crois avoir trouvé le truc pour inviter les bolides à ralentir
- déclara-t-il au flegmatique héron qui voisinait dans les environs.
Afin de ne pas être doublé par le chameau, la bête à deux bosses,
je fonce demain aux Ponts et Chaussées et y rencontrerai le big boss
pour breveter l’idée et déposer mon dos, le dos-d’âne, sur l’officiel panneau. 
Gare aux secousses et à moi la célébrité !
Et vous l’ami, si comme moi vous souhaiter passer à la postérité,
Auriez-vous une petite idée ? »


Désarçonné par la question, pris à contre-pied d’échassier,
le héron dont on sait le peu de bon sens,
par nécessité ayant d’autres poissons-chats à fouetter,
resta bec cloué.

Sur le sujet, d’idée ? Le héron, point.

Pourtant. Pourtant.
L’esprit un peu plus éveillé il aurait compris que sa contribution était là :
Il possédait la bonne réponse dans sa non-réponse.

*** fin ***