T804 - Une provocation
inutile.
Voisine et
voisin
La statue et la rose dans un grand jardin.
L’un, stoïque
et massif, par les années marqué,
Dans la roche
noircie à jamais sculpté
L’autre,
aguichante, un tantinet frivole
Dévoilant
volontiers ses charmes sous la corolle.
Émoustiller les
mâles endormis sur le tard
est pour la
fleur tout à la fois un jeu et un art.
« Hé, le tas de pierre, t‘as
quel âge au juste Auguste ? Tu dors ?
Réveille-toi, regarde comme je
suis jeune, colorée, svelte et fraîche,
Je me balance au moindre alizé,
je bois le soleil et l’eau à pleines goulées
Franchement, ma prestance tu
devrais envier,
Car toi, tu es là, indifférent,
figé sur ton socle depuis une éternité. »
L’interpellé à
la provocatrice calmement rétorqua :
« Pour moi qu’importent la
pluie, le vent, le soleil, les frimas
Ce qui, effrontée, n’est pas ton
cas, ce que tu ne sais pas.
Vois déjà comme tes pétales
commencent à décliner.
Tes arrière-arrière grands-mères,
et même au-delà
Tes grands-mères, ta mère,
tes cousines et tantes
Toutes provocantes, bien vivantes
puis rapidement mourantes
Toutes sont parties, après une
courte vie, vite flétries.
Qui d’elles se souvient encore,
qui s’en soucie ?
Moi, que tu crois sans vie, je
suis encore ici.
Comme elles bientôt tu nous
quitteras
et je serai impavide toujours là.
Dis-moi, sincèrement, qui de nous
deux est à envier ? »
*** fin ***
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire