2018-09-03

T804 - Une provocation inutile.

T804 - Une provocation inutile.

Voisine et voisin
La  statue et la rose dans un grand jardin.


L’un, stoïque et massif, par les années marqué,
Dans la roche noircie à jamais sculpté
L’autre, aguichante, un tantinet frivole
Dévoilant volontiers ses charmes sous la corolle.

Émoustiller les mâles endormis sur le tard
est pour la fleur tout à la fois un jeu et un art.

« Hé, le tas de pierre, t‘as quel âge au juste Auguste ? Tu dors ?
Réveille-toi, regarde comme je suis jeune, colorée, svelte et fraîche,
Je me balance au moindre alizé, je bois le soleil et l’eau à pleines goulées
Franchement, ma prestance tu devrais envier,
Car toi, tu es là, indifférent, figé sur ton socle depuis une éternité. »

L’interpellé à la provocatrice calmement rétorqua :

« Pour moi qu’importent la pluie, le vent, le soleil, les frimas
Ce qui, effrontée, n’est pas ton cas, ce que tu ne sais pas.
Vois déjà comme tes pétales commencent à décliner.


Dans ta famille, j’en ai vu passer et trépasser tant et tant.
Tes arrière-arrière grands-mères, et même au-delà
Tes grands-mères, ta mère, tes cousines et tantes
Toutes provocantes, bien vivantes puis rapidement mourantes
Toutes sont parties, après une courte vie, vite flétries.

Qui d’elles se souvient encore, qui s’en soucie ?
Moi, que tu crois sans vie, je suis encore ici.
Comme elles bientôt tu nous quitteras
et je serai impavide toujours là.
Dis-moi, sincèrement, qui de nous deux est à envier ? »

*** fin ***

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