« Maître
Corbeau sur un arbre perché
Tenait en son
bec un fromage.
Maître Renard par l’odeur alléché… »
Maître Renard par l’odeur alléché… »
Etc.
Le lecteur connait cette histoire
mais pas toutes les histoires.
Notamment celle qui suit, que le
réputé fabuliste se put narrer.
Il était une
fois, plus tard, une autre fois…
On prend les
mêmes et on recommence.
Sur le plateau,
silence !
Action.
Tenant dans son bec un fromage,
un corbeau haut perché
et un renard, tout en bas, les
deux à observer, très affamé,
s’apprêtant à lui tenir son
habituel flatteur langage…
Quand...
C’est alors
que…
Le corvidé, du faîte, s’adressa
fermement au renard :
« Stop, le rusé ! Sur
le champ, je te prie d’arrêter ton cinéma.
Rengaine tes compliments sur mes
merveilleux ramage et plumage,
j’aperçois, approchant, le
Castrothéodoricien en quête d’inspiration.
Laissons l’observateur sur sa
faim. Taisons-nous, ne bougeons plus.
Servons- lui notre revanche d’une
animale et inamicale façon.
Je m’en délecte par avance.
Le sieur La Fontaine a joué
suffisamment de tours aux aînés,
aux tiens, aux miens, qui sommes
catalogués pour la postérité.
Le bonhomme nous aura collé à
jamais une fâcheuse réputation
Pour toi, celle du fieffé escroc
sans scrupule
Pour moi, celle d’un vaniteux
crédule et ridicule.
Rira bien qui rira le
dernier ! »
Sur ce, le
corbeau se tint résolument coi.
Le renard,
acquiesçant, son clapet boucla.
Le fabuliste pensait s’inspirer
du duo une fois de plus
pour livrer à ses lecteurs une histoire
à sa façon convenue.
Les deux, muets, la Muse décampa.
Rien à voir, rien à entendre,
conclusion : rien à écrire.
Ô rage ! Ô désespoir !
Il s’éloigna, on le conçoit, fort
déçu
jurant mais un peu tard qu’on ne
l’y prendrait plus.
Que ne se retourna-t-il au
bon moment !
Au comble de la joie d’avoir
berné le poète, le corbeau ouvrit un large bec
et laissa s’échapper sa
délectable proie dont le goupil s’empara aussi sec.
Qu’importe
l’avortée nouvelle version !
De la fable
première version, agréablement nous nous contentons.
*** fin ***
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