Un héron, cendré -il en avait
pris son parti, depuis le temps, depuis longtemps, lui et ceux de son espèce
s’y étaient résignés, à contrecœur accommodés de ce fâcheux loupé du Créateur
- un héron donc, en bon échassier
droit dans ses bottes, cou tendu, observait une troupe de corbeaux – ces sombres
héros des champs de lendemain de bataille
– l’œil rond et interrogateur.
A l’exemple de
certains pseudo philosophes médiatisés,
les hérons se donnent
volontiers cette hautaine attitude du
penseur.
Il héla les
ailés :
« Mes amis, combien je vous envie d’être ainsi en belle compagnie, à en juger ravis d’être unis et réunis.
Plaignez celui qui est
véritablement en peine, moins nu mais tout autant solitaire que le ver. J’erre
sur terre et dans les airs sans âme-sœur, ni compagne ni compagnon, et bats
désespérément la campagne.
Nous voulions constituer une frairie, nous installer près de l’eau, dans la prairie.
La Préfecture nous l’a
formellement interdit, affirmant que nous n’étions qu’une association de
malfaiteurs désireux de reconstituer la criminelle bande à bonne eau.
Ainsi nous l’ont
signifié les Autorités :
« Nous donnons ordre de vous disperser et ne
jamais tenter de vous regrouper, sinon emplumés de bord d’eau, au falot nous
vous ferons plonger illico.
Si vous décidiez de passez outre, il vous en coûtera
tant et tant, dix, vingt ans, tant étang.Exécution, du vent ! »
Du discours et des
plaintes de l’oiseau,
les corbeaux,
méfiants,
trop souvent par le
passé plus qu’à leur tour dupés,
manifestement s’en battent les ailes…
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