2017-04-24

T752 - L'âne et le papillon.


De mémoire, jamais personne ne lui avait accordé considération et admiration
L’âne, ce qu’il estimait être franche injustice, ça le rendait grognon
- ce qui pourrait expliquer son proverbial caractère de cochon (!) -
Jusqu’à le reprocher injustement au voisin du moment un papillon
D’une beauté telle que de ses semblables certains faisaient collection.




Le bourricot enrageait, s’en prenant à l’innocent qui placidement butinait.
« Tu es gracieux, ton vol est léger, tu as de belles couleurs, je te l’accorde
Quand tu te poses tu n’insultes pas la beauté des fleurs, cela je le sais
Mais fragile créature, misérable sans oreilles, sans pattes, sans cou ni croupe,
Le moindre souffle de vent au loin inexorablement t’emportera vers le néant.
Peu me chaut les éléments, la précarité, la fragilité, je ne connais pas !
Vois comme je suis fort et solidement planté sur mes quatre sabots.
De plus tu es réduite au silence, bien incapable de donner de la voix.
Ecoute à l’instant combien mon organe est puissant : hi han hi han ! »

Le papillon répondit à sa façon, par signes, sans élever le ton :
« Tends tes grandes oreilles et écoute-toi, ton braiment n’est guère mélodieux,
A t’entendre te manifester, de mon sort je déclare être heureux
Muet soit ! mais contrairement à toi, je n’ai pas à faire l’âne pour avoir du son ! »

Bien que privé de denture, du papillon la répartie fut incisive et mordante.
Le comble : être grillé par un flambé !

L’âne, profil bas, mit illico en sommeil son ego et se promit de mesurer à l’avenir ses propos.

Cela vaut avis à qui se lancerait inconsidérément dans l’invective avec de gros sabots.

*** fin ***

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