De mémoire, jamais
personne ne lui avait accordé considération et admiration
L’âne, ce qu’il
estimait être franche injustice, ça le rendait grognon
- ce qui pourrait
expliquer son proverbial caractère de cochon (!) -
Jusqu’à le reprocher
injustement au voisin du moment un papillon
D’une beauté telle que
de ses semblables certains faisaient collection.
Le bourricot enrageait,
s’en prenant à l’innocent qui placidement butinait.
« Tu es gracieux,
ton vol est léger, tu as de belles couleurs, je te l’accorde
Quand tu te poses
tu n’insultes pas la beauté des fleurs, cela je le sais
Mais fragile
créature, misérable sans oreilles, sans pattes, sans cou ni croupe,
Le moindre souffle
de vent au loin inexorablement t’emportera vers le néant.
Peu me chaut les
éléments, la précarité, la fragilité, je ne connais pas !
Vois comme je suis
fort et solidement planté sur mes quatre sabots.
De plus tu es
réduite au silence, bien incapable de donner de la voix.
Ecoute à l’instant
combien mon organe est puissant : hi han hi han ! »
Le papillon répondit à sa façon, par signes, sans
élever le ton :
« Tends tes grandes
oreilles et écoute-toi, ton braiment n’est guère mélodieux,
A t’entendre te
manifester, de mon sort je déclare être heureux
Muet soit !
mais contrairement à toi, je n’ai pas à faire l’âne pour avoir du son ! »
Bien que privé de denture,
du papillon la répartie fut incisive et mordante.
Le comble : être
grillé par un flambé !
L’âne, profil bas, mit
illico en sommeil son ego et se promit de mesurer à l’avenir ses propos.
Cela vaut avis à qui se lancerait inconsidérément dans
l’invective avec de gros sabots.
*** fin ***
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