Gardez-vous de succomber aux propos des beaux parleurs
Ce sont trop souvent des oiseaux de malheur.
Un de la gent à ouïes à ses dépends l’apprit.
Lisez ce qui suit et ce qui s’ensuivit.
Tout autant incongru que celui des canards et de la
tortue de la fable
étonnant attelage,
surprenant compagnonnage,
que celui du héron et du poisson.
Fréquentant les mêmes rivages, ils firent connaissance
au lac des Settons
et après quelques palabres, décidèrent de partir en
excursion.
« Toi qui ne connais que les ténébreux fonds,
je te propose de découvrir de lumineux horizons
Morvan et Bourgogne de haut nous survolerons.
Prenons dès à présent la voie des airs et de concert,
voyageons !
Je serai la montgolfière, c’est un genre de gros
ballon
et te ferai jouer les Gambetta à ma façon. »
déclara l’échassier que le Diable, tous nous le
savons, créa glouton.
L’hôte des eaux fort tenté par l’expédition mordit
sottement à l’hameçon.
Mal lui en prit. A peine tiré de l’eau,
le héron cédant à ses vieux démons
sans respect pour ses
préalables déclarations de bonnes intentions
dirigea illico dans
son estomac le candide cousin des gardons et goujons.
« Hop ! Je t’avale, crédule couillon, tu ne
verras pas même Avalon. »
Au grand jamais nos
ennemis, amis ne sont et ne seront.
Voilà qui vaut avis et
pas seulement à l’attention des poissons.
*** fin ***
Florian en son temps l’énonça dans une de ses
fables :
« Ce qui prouve deux points : d’abord qu’il
est utile
Dans la douce amitié de placer son bonheur,
Puis, qu’avec de l’esprit, il est souvent facile
Au piège qu’il nous tend de surprendre un
trompeur. »
(L’écureuil,
le chien et le renard)
Que la
carpe ne l’eut lu !
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