T810 – Fillettes,
ne vous laissez pas pigeonner.
Sur sa branche perché, le pigeon n’en revenait
pas,
ne s’en
remettait pas, il n’avait jamais vu ça ! Il en était baba.
« Qui va là ? Que
voilà ? Halte-là !
Que vois-je ?
Qu’est-ce ? Qu’est-ce là que cet échalas ?
Un authentique squelette tombé
dont on ne sait quelle planète,
Assurément venu de perpète…
- Cher
Monsieur, détrompez-vous, je ne suis pas un squelette.
Je reconnais
être certes un peu maigrelette
Même dépourvue
de rebondies fesses et de ronds seins,
à y regarder de
près, je suis un beau brin de fille néanmoins.
A ma façon
particulière, somme toute, une jolie petite gosse
Comme je
n’étais pas bien grosse, sans bidoche, tout d’écorce,
certains
moqueurs m’ont autrefois surnommée Brindille.
Mon vrai nom,
c’est Camille.
Plus tard je
veux devenir fleuriste.
- Naïve
maigrichonne, garde-toi d’emprunter la mauvaise voie
Parole
d’expérimenté ramier, crois-moi, tu risques de tomber de haut,
Taille et
poids, je te l’assure, tu as tout tout tout, tous les atouts
pour être non
pas fleuriste mais exceptionnelle fil-de-ferriste.
On est là tous
les deux, en plein vent, à discuter le bout de gras, et tu as froid.
Je t’offre
volontiers pour un instant un toit en t’accueillant chez moi.
J’ai de quoi te
distraire aimablement avec moult jeux de société
et lorsque tu
en seras lassée, te réchauffer sous un édredon en plumes
Puis, selon
l’usage, tu le comprendras, j’userai de mon légitime droit de cuissage.
Négligeant sa
vocation pour le commerce des fleurs
Brindille
outrée par les propositions du monte-en-l’air
sur le champ
joua les filles de l’air,
fille
fil-de-ferriste à contre-coeur.
Ami, la morale
retiens :
En chaque
chose, il faut considérer la fin
(La Fontaine)
*** fin ***