2018-10-15

T810 – Fillettes, ne vous laissez pas pigeonner.

Sur sa branche perché, le pigeon n’en revenait pas,
ne s’en remettait pas, il n’avait jamais vu ça ! Il en était baba.

« Qui va là ? Que voilà ? Halte-là !
Que vois-je ? Qu’est-ce ? Qu’est-ce là que cet échalas ?
Un authentique squelette tombé dont on ne sait quelle planète,
Assurément venu de perpète… 



- Cher Monsieur, détrompez-vous, je ne suis pas un squelette.
Je reconnais être certes un peu maigrelette
Même dépourvue de rebondies fesses et de ronds seins,
à y regarder de près, je suis un beau brin de fille néanmoins.
A ma façon particulière, somme toute, une jolie petite gosse

Comme je n’étais pas bien grosse, sans bidoche, tout d’écorce,
certains moqueurs m’ont autrefois surnommée Brindille.
Mon vrai nom, c’est Camille.
Plus tard je veux devenir fleuriste.

- Naïve maigrichonne, garde-toi d’emprunter la mauvaise voie
Parole d’expérimenté ramier, crois-moi, tu risques de tomber de haut,
Taille et poids, je te l’assure, tu as tout tout tout, tous les atouts
pour être non pas fleuriste mais exceptionnelle fil-de-ferriste.

On est là tous les deux, en plein vent, à discuter le bout de gras, et tu as froid.
Je t’offre volontiers pour un instant un toit en t’accueillant chez moi.
J’ai de quoi te distraire aimablement avec moult jeux de société
et lorsque tu en seras lassée, te réchauffer sous un édredon en plumes
Puis, selon l’usage, tu le comprendras, j’userai de mon légitime droit de cuissage.

Négligeant sa vocation pour le commerce des fleurs
Brindille outrée par les propositions du monte-en-l’air
sur le champ joua les filles de l’air,
fille fil-de-ferriste à contre-coeur.


Ami, la morale retiens :
En chaque chose, il faut considérer la fin
(La Fontaine)

*** fin ***

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